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La vie absurde de Mr Zag
16 juin 2019

L'heure des coquillettes au beurre

 

coquillette

 

Les Gamma-GT en PLS. Les doigts cramponnés  sur ma Nintendo  DS. La messe est dite. En latin et en BIT.   Super Mario toque à la porte. Une coupe à la brosse artisanale faite à la tondeuse par sa mère ou sa sœur.  Un duvet en guise de moustache. Hipster juvénile voguant en trottinette électrique.  Deliveroo noctambule au bord du burn  out. Super matos. Vingt-deux euros. Livraison de champignons qui  font grandir l'âme ou de barrettes qu'on n'accroche  pas dans les cheveux. La voix d'une palette à la diable enrouée qui crache dans un  vocodeur. "Merci, tu peux garder la monnaie. A la semaine prochaine frangin ".

Casser des briques avec la tête pour ne pas perdre la sienne. Sauver une princesse dépressive  qui revend sa couronne sur Vinted pour se taper le Prince Xanax. Briser sa carapace verdâtre sur le divan d'un psilo.  L'air  de rien, du  large tout en longueur.

Hey la vie, c'est quand qu'on va où? 

Parler pour ne rien dire. Les rapaces ne sont pas loin. Pour quelques pièces d'or, le RSA ou le SMIC, la SPA du fric euthanasie les solitaires, ceux qui tirent trop fort sur leurs laisses    et qui refusent de vivre leurs rêves  dans des chenils en béton.Nous ne nous contenterons plus de croquettes et d'eau.

MÉTRO - BOULOT - NETFLIX. 

Ceux qui ne veulent pas de maîtres, de carrés  mais des ronds, des virgules, des phrases sans points ou alors juste trois petits à la fin. Des dictées avec des fautes. Des crises de foie. Amnésies lunaires dans une vie trop chargée. Le coup de sang est parti tout seul .La faute aux consultants du vide qui comblent le silence par des slogans marketing.

JUST DO IT. VENEZ COMME VOUS ÊTES faire chauffer votre CB sans contact.

Se perdre pour mieux se retrouver. Regarder le visage des fantômes et sourire. Il y'a  de la paix partout à qui sait voir les anges maladroits en trench.  Des pieds qui trébuchent. Des pulls trop grands, trop jaunes, trop troués. Des visages cabossés. Des ongles rongés. Des paumés  sans pommade marchant pieds nus sous la pluie, sans parapluie.

 

LES FOUS NE SONT PAS TOUJOURS CEUX QU'ON  PENSE.

 

Ce n'est pas parce qu'on  a les yeux fermés  qu'on  dort. Des "je ne sais pas", des "peut-être". NOUS AVONS TOUS PEUR. Peur de décevoir. Peur d'échouer.  Peur de donner. Peur de laisser passer la lumière à travers nos failles maquillées par une vendeuse-Dracula à Sephora.

 

 

LES ROIS DU DOUTE. 

 

Sois un bon Kougelhof et rentre dans le moule.  Cosette dans un F2 insalubre. SOIS UN PASSAGER TROP SAGE. Les Thénardier sucent des knacks  au Kammerzell pendant que tu suces des bites à la pelle.

 

 

LA BITE GÉNÉRATION.

 

Influenceur. Tendanceur. Germinal aux géraniums digitaux où les ouvriers numériques se mettent une mine à l'opium  de Facebook. Victor Hugo Boss en solde sur Zalando. Moins 50 % sur la culture et le libre-arbitre. Le même ballon.Le même sport. Une coupe du monde. Un écart de salaire considérable entre hommes et femmes. UNE PAIRE DE COUILLES au milieu de l'océan.  C'est  le Grand Bleu sur une pelouse de billets verts.                                                                             

Au CIO on ne m’a jamais dit que la vie est une pièce de la CIA. Il voulait que je passe mon bac, que j'aille  à la fac pour devenir médecin ou avocat. Les avocats se mangent avec de la mayonnaise et des crevettes mais ne défendent pas Jean-Pierre Balkany

Moi je voulais être ébéniste  comme Geppetto. Imaginer des créatures en bois qui dansent sous les étoiles.  Je bosse à la chaîne dans un atelier, lobotomisé à poncer des portes de placards pour Conforama. Ça non plus, le conseiller d'orientation  ne m'en  a jamais parlé.

Je saute au-dessus d'une  plante carnivore qui tente de me becqueter au jardin botanique, chopant l'étoile  d'invincibilité pour baiser le destin quelques secondes. Le cône  roule au coin de la table dégueulasse. Lasses, les boulettes explosent au sol. Moquette martienne où même  les acariens ne se risquent pas entre deux cratères.

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour les fonsdés.

Les gens de l'obscurité qui n'ouvrent  ni leurs volets ni leurs gueules. Ceux dont les voisins parleront au JT de vingt heures entre un gigot d'agneau  et un tiramisu. "Il  était vraiment aimable. Un type sans histoires. Il  disait toujours bonjour".  Une brique de lait périmé tape un strip-tease au fond du réfrigérateur.  FriGo Pro lubrique pour boulimique. Des œufs moisis partouzent dans une omelette qui bouge toute seule. Les cafards valsent dans une marre de liquide vaisselle.   

 

C'est  la fête de la musique sur une éponge  détrempée.

 

21 juin.  Fête  des utopiques et de ceux qui se prennent pour Jimmy Hendrix avec une gratte achetée sur le Bon Coin. De vrais gens qui font des fausses  notes avec le cœur, sous l'œil médusé  des spectateurs  mangeant des merguez-frites à la harissa. Ça  sent la sueur de vieux sous les aisselles. Le torse qui colle au t-shirt Cannibale Corpse. La sensualité  de Michel Houellebecq.  Une pastille  à la menthe dans la bouche d'un alcoolo. Un bol de lait tiède caillé. Un reste de tartine desséchée au Nutella.

Dans cet appartement, les violons ne jouent pas ou dans la tête peut-être.  Le silence tutoie les murs qui ne lui répondent pas. La tapisserie transpire l'Amsterdamer chopé  à Kehl, parce que ça coûte moins cher, une fois par mois via le tram C.  Franchir la frontière comme un fugitif de l'ex-Allemagne de l'Ouest  transperçant un mur invisible pour chercher sa ration de tabac. IMAGINER ÊTRE À BERLIN.Les Currywurst tripant à Kreuzberg jusqu'au petit matin sous acide. L'Europe des clopes à cyclopes pour des clopinettes.

Prendre les transports en commun me fait suer. La peau grasse des autres.  Les  cheveux laqués comme des canards cuisant avec deux rondelles d'orange au moindre faux pas.  Ils parlent trop fort pour qu'on entende qu'ils ne sont pas morts. Le contrôleur tend sa guillotine et tranche les mains des fraudeurs. Les phalanges volent et les amendes pleuvent pour célébrer le début de l'été.   Fanfare improvisée devant un appartement de la rue des enfants. Bob Marley porte un marcel Ricard et une paire de Birkenstock. Les broches des kebabs tournent à plein régime. Des barbes à papa au poulet finement tranché  par Jack le découpeur pendant que Barbamama sirote un ayran dans l'arrière-boutique. Sauce blanche - salade - oignon. Une idée  de mot de passe pour son compte Youporn Food.

Les canettes  de Heineken commencent à faire effet dans les tempes des plus fragiles. Les vendeurs ambulants se frottent les mains. Il fait soif ce soir.

SOIF DE LIBERTÉ. SOIF DE BORDEL POUR BORDERLINE.

Un cochon aux  cheveux longs braille dans son micro.Headbanger. La ferme aux maux.  Du sado-doom-black-métal, mot comptant  triple au Scrabble. Le Hellfest s'invite  à Strasbourg  dans un pogo fougueux entre deux lycéens déchaînés.  " C’est pas de la musique ça! Edith Piaf, ça c'était magnifique" lâche une mamie aux cheveux violets juste derrière eux. Le Môme sur scène pèse aux alentours des 90 kilos, percé aux tétons et invoquant Satan dans un grognement à faire palir Matteo Salvini.WARNING - EXPLICIT LYRICS. 

 

Quand il me prend dans ses bras, je vois la vie en nécrose.

C'est  imparfait mais c'est pour ça que c'est beau.Le jour où on verra Ozzy Osbourne utiliser Autotune, je commanderai une pinte de grenadine au Molly Malone.   Le droit à l'erreur pour les impôts et le droit à l'erreur dans son solo. Du free-jazz comme on dit sur France Culture. 

Dans la rue des Frères, les plus téméraires ignorent les festivités.  Derrière  une vitrine embuée, les masos enchaînent des bornes sur des tapis-roulants impersonnels. Aladdin moderne au régime,  parcourant le monde sur un compteur à cristaux liquides.   Le génie accorde trois voeux:

    500 calories dépensées - 5 kilomètres  parcourus - Un Burger King pour se récompenser.

Rythme cardiaque. Tension. Dénivelé. Il faut faire Maths Sup  pour mettre une jambe devant l'autre dorénavant. 

   La porte claque. Deux ombres s'enlacent  dans l'ascenseur.  Des cygnes blessés  aux cous interminables qui finiront par s'étouffer de leur propre amour

Au deuxième, le voisin est accoudé  à la fenêtre, un verre de rosé à la main. On se salue d'un  geste de la tête, profitant de la fraîcheur nocturne. La voisine du troisième jouit en quelques  coups de reins puis pleure.  Il est presque deux heures, c'est l'heure des trains de nuit  et des coquillettes au beurre.

 

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La vie absurde de Mr Zag
  • Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job. Il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit Strasbourg avec son coeur et ses tripes.
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