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La vie absurde de Mr Zag
13 juillet 2019

L'orgasme du chrysanthème

 

 

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Mes défauts se  reflètent  dans de vulnérables fossettes et pourtant  tu ne me regardes  pas comme un faussaire de billets doux, un conteur aux milles conquêtes. Je sais que demain, tu repartiras là où je ne te recroiserai plus jamais. Au pays des icebergs qui fondent, des xylophones et des plages de sable noir. Là où la peau n'est plus qu'une gigantesque lèvre gercée par la violence du vent.Là où les chevaux ne s'apprivoisent pas avec des lassos.                                                          Il faudrait avoir le talent de Baudelaire pour décrire ce que je ressens à l'idée  de te perdre.  

Sur un banc muet, le long des quais. Dos à dos. Deux notes de musique parfaitement accordées. La braise de nos colonnes vertébrales harmonieusement emboîtées. Scolioses fragiles de sentiments nouveaux. Colibris chancelant  au gré des baisers. L'osmose de deux corps naïfs.Nous rions comme des enfants jouant à un jeu d'adultes. Les papillons poudrés tournoient dans nos estomacs vides puis se posent  sur un coup de foudre dénudé. Le va-et-vient de nos bassins désarticulés. Des soupirs infinis dans le silence de l'aube.

Tu vas me manquer comme un dernier fix dans une veine orpheline, comme la lune une nuit de tempête, comme l'oxygène  au fond d'une  piscine de coquelicots. 

Éphémère Belle de nuit qui ne fleurit qu'au mois de juillet pour mourir à la fin des vacances. Injection létale de frissons.  Combinaison orange dans le couloir du remord.  Love is the  new black.L'infection  fatale de mes viscères volcaniques et de mon âme par ton absence.Ébola du manque tuant de l'intérieur.

 

Seuls tes bras pouvaient me calmer. Seuls tes silences me rassuraient. Un vaccin langoureux avec ta langue. Un patch de chair de poule. Pas d'aiguille. La pointe de tes pieds pour plonger tes yeux dans les miens.  Sparadrap invisible me protégeant de la  folie du monde. 

Tu ne parlais pas beaucoup parce que tu affirmais n'avoir pas grand-chose d'intéressant à dire.J'adorais tes silences. Ils me permettaient de t'embrasser encore plus longuement.  Nous  observions les passants comme un marin scrute la mer. Avec fascination et crainte. Nous étions invincibles  mais un goût  amer embaumait déjà nos pensées.                                                                                                                                                  Ce  début empeste  le souffre  d'une fin prématurée.                                                                                  Nos pétales tombèrent une par une à travers les rues sombres de la ville. Petit Poucet strasbourgeois semant des bourgeons sur un chemin de sable qui disparaîtra à la première vague des agents d'entretien de l'Eurométropole. Ne resteront que quelques géraniums de souvenirs  indélébiles  dans une jardinière en terre cuite.

Pars, avant de faner tes yeux bleus si précieux. Pars, avant que le regret te poursuive jusqu'à la fin de ta vie. 

J'appris la beauté en te regardant. Pour la première fois, je respirai profondément en admirant le ciel sans me soucier des voix qui me disaient de fuir. C'est un risque qui en vaut la chandelle.Se brûler le coeur trop près du soleil. Tu ne triches pas en triant ce que tu ressens pour t'adapter au monde.Tu te donnes gratuitement aux autres. Une main tendue aux ongles vernis de rouge.  Une étoile  filante  d'un mètre soixante-douze, parfois un peu plus,  lorsque tu portes tes talons noirs.Mystérieuse aura dansant pieds nus à la rosée  du matin au Parc de la Citadelle . Ange blond sautillant au ralenti. Tu pourrais être la muse de Terrence Malick ou de Jim Jarmusch parce que tu perturbes les autres involontairement.                                                                                                              L'étincelle d'une   désintéressée qui se frotte aux regards insistants d'usurpateurs  comme un tendre morceau de silex.

                                               C'est la nuit de la fête de la musique que je sentis la douceur de ta main pour la première fois après avoir frôlé ton regard à plusieurs reprises dans la pénombre d'un amphithéâtre. Le rock de deux vampires trop bronzés.Croiser tes yeux devenait le but de ma journée. Je priais intérieurement pour que tu te retournes afin que la magie opère l'espace d'une microseconde. J'invoquais les dieux en leur promettant de valider mon année s'ils faisaient en sorte que tu t'assoies à côté de moi. Le miracle eu bien lieu. Pas de messe. Une cérémonie silencieuse au coeur d'un cours d'anatomie. Tétanisé par ta présence, je ne pus suivre les mots du professeur. Aucun  maître de conférence  n'a  assez de charisme pour rivaliser avec la maîtresse du désir. Mon coeur cognait dans mes tempes. Des dizaines de questions se fracassaient sur les rives de ma tête.

  

 Tes failles me guidèrent comme un projecteur sur la scène vide d'un concours d'improvisation. La parade d'un timide sans plumes nageant dans un sweat à capuche trop grand. 

 

L'aurore dorée sur les marches de la Cathédrale. Opéra tragique sans spectateurs. Un feu d'artifice intérieur contrastant avec la crainte de perdre pied, de ne pas être à la hauteur. Deux cygnes maladroits dansant en se marchant sur les pieds avec les lèvres. Une aquarelle peinte avec les tripes. Une imperfection magnifique . Un  écho silencieux. Le rimmel sombre se mélangeant aux larmes cristallines comme le sang rouge s'imprègne d'héroine. 

Jamais je n'oublierai le parfum de cet été. L'odeur de la pierre légèrement froide en guise de témoin. Le bruit des feuilles qui claquent l'une contre l'autre comme des épis de blé trop mûrs. La fin de la récréation alors que j'avais encore envie de jouer au ballon-prisonnier avec ton sourire .                                                               La fin d'un jeu, la fin de nous, déjà.                                                 Mon bras sur tes épaules.La fragrance de ta peau . Un ultime baiser sur le front. Les guitares  saturées qui crachent l'apocalypse. Le vertige de te voir partir sans jamais te retourner.

Si j'allais attraper ta main avant que ton avion ne décolle? Je ne suis pas Hugh Grant, ça  ne marchera jamais et puis quand les choses doivent se terminer, mieux vaut ne pas jouer les prolongations au risque de s'orienter vers une fin encore plus cruelle.  J'ai la frousse d'oublier ton rire, tes seins qui pointent et ces nuits dingues à  se faire des promesses  qu'on ne pourra pas tenir. On se souviendra de la chaleur de la faculté de médecine, de ces instants à courir nus dans ton appartement sous le regard ahuri de la voisine d'en face, de ce plan de travail souillé par notre désir, des ombres chinoises qui ne ressemblaient à rien au travers de ta lampe Ikea. 

Tu resteras la première, celle par qui je compris que les premières fois sont souvent douloureuses.

La première fois que je sortis du ventre de ma mère  avec la sensation d'ouvrir la porte d'un  hammam  en plein hiver. La première fois que je tombai sèchement du vélo lorsque papa enleva les  petites roues. Celle où je vomis mes boyaux et mes premiers verres de gin. Cette soirée où  je visionnai  Freak en cachette, me promettant   de protéger les monstres en noir et blanc.                                                                                                                       Il y aura d'autres  premières fois.                                                                                                Je n'ai  plus peur. J'eus déjà  peur tellement de fois, que je sais qu'après  l'hiver qui fige l'espoir, arrive  le printemps qui secoue les corps de sa sève sucrée. Un matin, viendra le moment de ma dernière première  fois. Je dis "un matin" parce que c'est souvent à ce moment de la journée qu'on  se retrouve habillé d'un costume sombre,   au bord d'un trou,  avec des gens qu'on ne connaît pas forcément , à jeter de la terre sur une boite en sapin. Une boîte à souvenir. Des images. Des odeurs. Des musiques nostalgiques .                                                                                                                                                  Il arrivera l'instant solennel  où je serai dans la boîte pendant qu'en  haut les mouchoirs se rempliront d'une morve transparente de douleur ou  de colère.  Un rayon vert avant le dernier coucher de soleil.  Nous naissons  et disparaissons dans l'obscurité. Entre les deux, nous dépensons notre énergie afin de rester un maximum de temps dans la lumière.   On se mouchera  beaucoup  ce matin-là. Une allergie au deuil. Les yeux rouges se chercheront ou s'eviteront en fonction des affinités des uns et des autres. Personne ne sait jamais quoi dire dans pareille situation, si ce n'est des banalités affligeantes. " Courage". " Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas".La seule chose dont ils auraient besoin,  c'est  d'une  manette de Super Nintendo et d'un  cheat  code pour me donner  une deuxième vie. Si j'étais Mario Bross, tout serait plus simple. La Princesse Peach ne se trancherait pas  les veines dans le bureau du notaire suite à mes dettes abyssales.    Un curé prononcera quelques mots en parlant de moi comme si nous étions de vieux amis. Que des choses positives bien évidemment. On ne lave pas son linge sale  avec les asticots pour qui ma carcasse  sera un happy hour. Un CV en accéléré.Une carte de fin de visite " Il aimait David Bowie, les chats et la riccota".                                                                                                         Un jour  dans la vie, comme fredonnent  les Beatles, avec en conclusion, non pas une note de piano  mais une stèle en marbre accompagnée  de roses en plastique.                                                               Glauque.                                                                          Qu'ils  dansent sur le gravier qui blanchit les chaussures. Qu'ils  pique-niquent sur ma tombe en s'ennivrant  de vins et de fromages.  Que les enfants jouent à la marelle en sautant tellement fort que mes os claqueront six pieds sous terre. Que les craies  dans leurs mains recouvrent la stèle austère de couleurs pastel, de bonshommes  disproportionnés et de soleils qui brillent même la nuit. Qu'on  accroche leurs dessins sur les croix  avec des pinces à linge .   Je veux qu'on  baise  sur ma tombe, que les capottes  volent dans le ciel cendré et éclaboussent la pudeur des nuages, qu'on   inaugure un escape game dans ce cimetière volage. Qu'ils fassent un boeuf avec leurs douleurs.  Du violon. Du banjo. Un choeur grégorien qui chante faux. Un joyeux bordel.Emir Kusturica jonglant avec des bougies. Un chien qui aboie. Une caravane  en Alsace. Un thérémine  nostalgique qui couine comme la courroie  dépressive  d'une  bagnole. Je veux qu'on  vienne se promener en famille dans les allées, que Sigur Ros soit diffusé  en continue dans un haut-parleur qui grésille, que les grilles restent ouvertes aux paumés qui parlent aux fantômes, que les chrysanthèmes jouissent sur des draps en soie.                                                     Je veux  que les anges fument des clopes en fredonnant Gainsbourg, que la Mort parte en vacances à l'île de Ré, que le fossoyeur roule des pelles aux scarabées, que les pissenlits  poussent entre les marches  des escaliers. Je veux que ma fin soit un nouveau départ pour les autres, que les lucioles valsent  sous la lune et que les loups se perdent dans ce labyrinthe d'epitaphes.                                                                                                                            ICI GÎT UN COMMENCEMENT,UN NOUVEAU PARAGRAPHE.                                         

 

                                

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  • Mr Zag a une voisine, un chat, des collègues, un job. Il aime Lynch, Radiohead et Winshluss. Mr Zag a un Pinocchio tatoué sur le bras, quelques gribouilles en islandais, il ouvre les yeux et décrit Strasbourg avec son coeur et ses tripes.
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